Est-ce que je peux travailler mes sols pour lutter contre les attaques de limaces ?
Quelles sont les périodes optimales pour agir en prévention contre le risque limace ?
Quels sont les semis les plus exposés aux attaques de limaces ?
Existe-t-il des bonnes pratiques pour la lutte biologique anti-limaces ?
Malgré la mise en œuvre d’une lutte préventive anti-limaces, mes sols sont encore envahis. Que puis-je faire ?
En France, il existe deux sortes de limaces présentes sur les sols cultivés de tournesol, maïs, colza, blé, orge ou encore de pommes de terre :
La limace grise, connue sous le nom de « loche » (Deroceras reticulatum), qui atteint 4 à 5 cm de long et dont la couleur varie du beige au brun mouchetée de fines taches sombres ;
La limace noire (horticole Arion hortensis) qui mesure 3 à 4 cm et possède une robe couleur bleue-noir avec une face ventrale jaune-orangée.
La limace est un mollusque terrestre hermaphrodite (mâle et femelle pour un même individu) muni d’un pied qui lui permet de ramper, en y laissant une trace de mucus.
Les limaces ont un souci de taille : elles ont tendance à se dessécher. C’est pourquoi leur activité est principalement nocturne, dans les interstices du sol ou les fissures provoquées par le système racinaire.
Néanmoins, quand les conditions climatiques leurs sont favorables (entre 13 et 18°C et 75% d’humidité), elles vont alors sortir en surface et c’est là qu’elles vont causer les dégâts dans les cultures.
Elles se déplacent alors principalement la nuit, n’hésitant pas à passer d’une parcelle à l’autre, à raison de 4 à 5 m par nuit pour la limace grise contre 2 à 3 m par nuit pour la limace noire.
L’alimentation dépend de la température. Nos tests en laboratoire ont montré que :
OUI : la durée de vie des limaces grises et noires excède rarement 12 mois. Mais leurs cycles sont différents :
OUI : leur accouplement est précédé d’une parade avant que les œufs ne soient déposés dans les premiers centimètres du sol :
Leur durée d’incubation varie avec la température : de 15 à 20 jours à 20°C, voire plus de 90 jours à 5°C (tests réalisés en laboratoire).
La mortalité des œufs de limaces est la plus élevée aux premiers stades de vie car ils ne bénéficient d’aucune protection et peuvent être victimes de déshydratation ou de prédation.
Malgré ces risques dans les premiers stades de vie, les œufs sont très résistants au froid (jusqu’à – 11°C dans le sol) et nettement moins résistants à la chaleur et aux UV.
Il y a deux espèces qui sont identifiées comme consommatrices de végétaux :
NON : comme pour les limaces, elle est plutôt nocturne mais peut se prolonger la journée si les conditions climatiques sont favorables.
Grâce à leur coquille, les escargots s’adaptent bien aux variations climatiques en formant une pellicule à l’entrée de la coquille avec le mucus appelée épiphragme qui va les isoler du chaud ou du froid.
Les escargots sont principalement herbivores, et leur alimentation dépend des ressources disponibles : ils peuvent jeûner et ensuite beaucoup consommer.
Le rythme de l’alimentation des escargots ralentit avant l’hibernation, avant la ponte et ils stoppent leur alimentation quand le temps est chaud et sec.
NON : la ponte a lieu en été ou en automne et dure 1 à 2 jours.
Les escargots, comme les limaces, sont hermaphrodites. Ils vont creuser des trous jusqu’à 5 à 10 cm dans le sol pour se mettre à l’abri et déposer leurs œufs.
Ils pondent en moyenne 40 à 60 œufs qui écloront 6 semaines plus tard en moyenne.
OUI : l’escargot est un grand voyageur ! Or tous ses déplacements sont liés à la production de mucus, qui facilite le mouvement et le collage de l’escargot sur les différentes surfaces.
Cela lui demande une consommation énergétique importante : c’est pourquoi les déplacements de l’escargot se traduisent par des dégâts sur les cultures.
OUI : en modifiant la structure du sol, vous pouvez mettre les limaces en difficulté. La lutte mécanique cherche à porter atteinte directement aux limaces, à perturber leur milieu et à limiter leurs capacités de déplacements :
Par un travail profond de type labour, vous bouleversez leur espace vital ce qui réduit les populations par destruction et enfouissement et en faisant disparaître leurs sources d’alimentation ;
Par un travail superficiel de type déchaumage sur les 10 premiers centimètres du sol, zone où se trouve la majorité des limaces, vous agissez directement sur les ravageurs adultes, juvéniles et les œufs ;
Avec une préparation du lit de semence aussi fine que possible – dans la mesure du possible – vous limitez les capacités de déplacement des limaces et compliquez leur recherche de refuge ;
Avec des semis effectués le plus en profondeur possible ;
En rappuyant le sol travaillé de façon à le rendre plus compact afin de limiter le déplacement des limaces.
La lutte agronomique propose de raisonner ses différentes interventions en tenant compte de leur caractère bénéfique ou néfaste à l’égard des limaces :
Pour les plantations d’automne, agissez juste après la récolte, quand les limaces sont encore en surface avant de s’enfouir dans le sol ;
Pour les plantations de printemps, vous pouvez agir entre octobre et mars, selon le type de culture et le type de sol.
OUI, c’est conseillé, car plusieurs facteurs sont à prendre en considération pour la lutte anti-limaces :
Les cultures de cycle long favorisent la présence des limaces ;
Les espèces cultivées présentent des niveaux de vulnérabilité très variables ;
Les précédents jouent un rôle déterminant notamment si c’est une culture de colza ;
OUI : la lutte biologique suggère de favoriser la présence des auxiliaires naturels comme les coléoptères principalement mais aussi les oiseaux, les crapauds, les orvets, les musaraignes et les hérissons.
Les plus efficaces sont les carabes, qui participent au bon équilibre naturel et contribuent à la régulation naturelle des populations de ravageurs.
Le maintien ou la création de zones dites « refuges » (haies, bosquets, bandes enherbées), ainsi que la connexion de ces différents espaces entre eux favorisent la multiplication des populations d’insectes.
On a également constaté que les parcelles de taille moyenne (inférieures à 15 ha) abritaient davantage de coléoptères que celles de plus grande taille.
L’emploi des insecticides au printemps doit aussi être raisonné en tenant compte de la forte activité des prédateurs de limaces à cette période. Il ne s’agit pas de se priver d’une pulvérisation nécessaire, simplement d’établir une balance entre les risques et les bénéfices.
Enfin des études ont montré que le travail du sol profond et l’absence de couvert végétal durant l’interculture étaient défavorables à la survie des populations des insectes.
La lutte préventive est indispensable, mais peut s’avérer insuffisante, notamment lorsque les populations sont importantes ou quand leur mise en œuvre est rendue difficile par les conditions de l’année.
Dans ces situations la lutte anti-limaces par appât reste incontournable pour protéger efficacement les cultures.